Ou La Société des Francs-Maçons Considérée sous tous ses aspects A l' Orient chez le Silence. S,d (1770)
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L' ETOILE FLAMBOYANTE
Ou La Société des Francs-Maçons Considérée sous tous ses aspects A l' Orient chez le Silence. S,d (1770)
Ouvrage attribué au Baron de TSHOUDYconseiller au parlement de Metz.
ELYPHAS LEVY en fait grand cas et dit : Le Catéchisme hemétique ,contenu dans cet ouvrage et que nous indiquons aux sages cabalistes, contient tous les principes véritables du Grand Oeuvre d' une manière si claire et si satisfaisante qu'il faut manquer absolument d' intelligence spéciale de l' occultisme pour ne pas arriver à la vérité en le lisant.
Contient entre autres , "les statuts de la société des Philosophes Inconnus " et la fameuse ode italienne ,avec sa traduction française , intitulée : " Aux vrais Philosophes discours théorique sur la composition de la Pierre Philosophale par Fra. Marc-Antoine Crassellame , Chinois" que
l 'on retrouve dans le rarissime traité La Lumière sortant par soi-mème des Ténèbres.
Catéchisme ou instruction pour le grade d' Adepte ou apprenti Philosophe sublime & inconnu.
D.1. Quelle est la premier étude d' un Philosophe?
R. C' est la recherche des opérations de la nature.
D.2. Quel est le terme de la nature ?
R. Dieu , comme il en est le principe.
D.3. D' ou proviennent toutes les choses ?
R. De la seule & unique nature.
D.4. En combien de régions la nature est elle divisée?
R. En quatre principales.
D.5. Quelles sont elles?
R. Le sec ,l' humide ,le chaud ,le froid ,qui sont les quatre qualités élémentaires , d' ou toutes choses dérivent.
D.6. En quoi se change la nature ?
R. En mâle & femelle.
D.7. A quoi est elle comparée?
R. Au mercure.
D.8. Quelle idée me donnerez vous de la nature?
R. Elle n' est point visible ,quoiqu' elle agisse visiblement , car ce n' est qu' un esprit volatil , qui fait son office dans les corps ,& qui est animé par l' esprit universel ,que nous connoissons en maçonnerie vulgaire , sous le
respectable emblème de l' Etoile flamboyante.
D.9. Que représente-t-elle positivement ?
R. Le souffle divin , le feu central & universel ,qui vivifie tout ce qui existe.
D.10. Quelles qualités doivent avoir les scrutateurs de la nature ?
R. Ils doivent être tels que la nature elle-même ,c' est à dire ,vrais ,simples ,patients & constants ; ce sont les caractères essentiels ,qui distinguent les bons Maçons , & lorsque l' on inspire déjà ces sentiments aux candidats dans les premières initiations , on les prépares d' avance à l' acquit des qualités nécessaires pour la classe philosophique.
D.11. Quelle attention doivent ils avoir ensuite ?
R. Les Philosophes doivent considérer exactement si ce qu' ils proposent set selon la nature , s' il est possible & faisable ; car s' ils veulent faire quelque chose comme la nature , ils doivent la suivre en tout point.
D.12. Quelle route faudroit il tenir pour opérer quelque chose de plus excellent que la nature ne l' a fait ?
R. On doit regarder en quoi & par quoi elle s' améliore ; & on trouvera que c' est toujours avec son semblable : par exemple , si l' on veut étendre la vertu intrinsèque de quelque métal plus outre que la nature , il faut alors saisir la nature métallique elle même ,& savoir distinguer le malle & la femelle en ladite nature.
D.13. Ou contient elle ses semences ?
R. Dans les quatre éléments.
D.14. Avec quoi le Philosophe peut il produire quelque chose ?
R. Avec le germe de ladite chose ,qui en est l' élixir , ou la quintessence beaucoup meilleure , & plus utile à l'artifice que la nature même ; ainsi d' abord que le Philosophe aura obtenu cette semence ou ce germe , la nature pour le seconder sera prête à faire son devoir .
D.15. Qu' est ce que le germe ou la semence de chaque chose?
R. C'est la plus accomplie & la plus parfaite décoction & digestion de la chose même , ou plutôt c' est le baume du soufre , qui est la même chose que l' humide radical dans les métaux.
D.16. Qui engendre cette semence ou ce germe ?
R. Les quartes éléments , par la volonté de l'Etre suprême , & l' imagination de la nature.
D.17.Comment opèrent le quatre éléments ?
R. Par un mouvement infatigable , & continu , chacun d' eux selon sa qualité , jetant leur semence au centre de la terre ,ou elle est recuite & digérée , ensuite repoussée au dehors par les lois du mouvement .
D.18. Qu 'entendent les Philosophes par le centre de la terre ?
R. Un certain lieu vide qu' ils conçoivent , & ou rien ne peut reposer .
D.19. Ou les quatre éléments jettent ils jettent ils & reposent ils donc leurs qualités ou semences ?
R. Dans l' ex-centre , ou la marge & circonférence du centre , qui ,aprés qu'il en a pris une due porion , rejette le surplus au dehors , d' ou se forment les excréments , les scories , les feux & même les pierres de la nature , de cette pierre brute , emblème du premier état maçonnique.
D.20. Expliquez moi cette doctrine par un exemple ?
R. Soit donnée une table bien unie , & sur icelle , en son milieu , dûment assis & posé un vase quelconque ,rempli d' eau ; que dans son contour on place ensuite plusieurs choses de diverses couleurs , entr'autres qu' il y ait particulièrement du sel , en observant que chacune de ces choses soient bien divisées & mises séparément , puis parés que l' on verse l' eau au milieu , on la verre couler de ça et de là : ce petit ruisseau venant à rencontrer la couleur rouge , prendra la teinte rouge ; l' autre passant par le sel , contractera de la salaison ; car il est certain que l' eau ne change point de lieux , mais la diversité des lieux change la nature de l' eau ; de même la semence jetée par les quatre éléments au centre de la terre , contracte différentes modifications ; parce qu' elle passe par différents lieux , rameaux , canaux ,ou conduits ; en sorte que chaque chose nait selon la diversité des lieux & la semence de la chose parvenant à tel endroit , on rencontreroit la terre & l' eau pure , il en résultera une chose pure , ainsi du contraire.
D.21. Comment & en quelle façon les éléments engendrent-ils cette semence ?
R. Pour bien comprendre cette doctrine , il faut noter que deux éléments sont graves et pesants , & les deux autres légers , deux secs & deux humides , toutefois l' un extrêmement sec l' autre extrêmement humide , & en outre sont masculin & féminin : or , chacun d' eux est très prompt à produire choses semblables à soi en sa sphère : ces quatre éléments ne reposent jamais , mais ils agissent continuellement l' un & l' autre , & chacun pousse de soi & par soi ce qu' il a de plus subtil ; Ils ont leur rendez vous général au centre , & dans ce centre même de l' Archée , ce serviteur de la nature , ou venant à y mêler leurs semences , ils les agitent & les jettent ensuite au dehors . On pourra voir ce procédé de la nature , & le connoitre beaucoup plus distinctement dans les grades sublimes qui suivent celui-ci.
D.22. Quelle est la vraie & première matière des métaux ?
R. La première matière proprement dite est de double essence , ou double par elle même ; néanmoins l' une sans le concours de l' autre ne crée point un métal ; la première & la principale est une humidité de l' air , mêlée avec un air chaud , en forme d' une eau grasse , adhérente à chaque chose , pour pure ou impure qu' elle soit.
D.23. Comment les philosophes ont-ils nomme cette humidité ?
R. Mercure.
D.24. Par qui est il gouverné ?
R. Par les rayons du Soleil & de la Lune.
D.25. Quelle est la seconde matière ?
R. C' est la chaleur de la terre , c' est à dire , une chaleur sèche que les Pholosophes appellent soufre.
D.26. Tout le corps de la matière se convertit-il en semence ?
R. Non , mais seulement la huit centième partie qui repose au centre du même corps , ainsi que l' on peut voir dans l' exemple d' un grain de froment.
D.27. De quoi sert le corps de la matière relativement à la semence ?
R. Pour la préserver de toute excessive chaleur , froideur ,humidité et sécheresse , & généralement toute intempérie nuisible , contre lesquelles la matière lui sert d' enveloppe .
D. 28.L' artiste qui pretendoit réduire tout corps de la matière en semence,en supposant qu' il put y réussir , y trouveroit il en effet quelqu' avantage ?
R. Aucun , au contraire son travail alors deviendroit absolument inutile , parce que l' on ne peut rien faire de bien , sitôt que l' on s' écarte du procédé de la nature.
D.29. Que faut il donc qu' il fasse ?
R. Il faut qu' il dégage la matière de toutes ses impuretés : car il n' y a point de métal ,si pur qu'il soit , qu' il n' ait ses impuretés , l' un toutefois plus ou mois que l' autre.
D.30. Comment figurons nous dans la maçonnerie la nécessité absolue & préparatoire de cette dépuration ou purification ?
R. Lors de la première initiation du candidat au grade d' apprenti , quand on le dépouille de tous métaux & minéraux , & que d' une façon décente on lui ôte une partie de ses vêtements , , ce qui est analogue aux superfluités , surfaces ou scories , dont il faut dépouiller la matière pour trouver la semence .
D.31. A quoi le Philosophe doit il faire le plus d' attention ?
R. Au pont de nature , & ce point il ne doit pas le chercher dans les métaux vulgaires , parce qu' etant déjà sortis des mains de la formatrice , il n' est plus en eux .
D.32. Quelle en est la raison précise ?
R. C' est parce que les métaux du vulgaire , principalement l' or , sont absolument morts , au lieu que les nôtres au contraire sont absolument vifs , & ont esprit.
D.33. Quelle est la vie des métaux ?
R. Elle n' est autre chose que le feu lorsqu' ils sont encore couchés dans leur mine.
D.34. Quelle est leur mort ?
R. Leur mort & leur vie sont un même principe , puisqu' ils meurent également par le feu , mais un feu de fusion.
D.35. De quelle façon les métaux sont-ils engendrés dans les entrailles de la terre ?
R. Aprés que les quatre éléments ont produit leur force ou leur vertu dans le centre de la terre , & qu' ils y ont déposé leur semence ; l' archée de la nature , en les distillant , les sublime à la superficie par la chaleur & l' action d' un mouvement perpétuel.
D.36. Le vent , en se distillant par les pores de la terre , en quoi se résout il ?
R. Il se résout en eau de laquelle naissent toutes choses , & ce n' est plus alors qu' une vapeur humide , de laquelle vapeur se forme ensuite le principe principié de chaque chose , & qui sert de première matière aux Philosophes.
D. 37.Quel est donc ce principe principié servant de première matière aux enfants de la science dans l' oeuvre philosophique ?
R. Ce sera cette même matière , laquelle aussitôt qu' elle conçue , ne peut absolument plus changer de forme.
D.38. Saturne ,Jupiter ,Vénus , le Soleil , la Lune ,... ont-ils chacun des semences différentes ?
R. Ils ont tous une même semence ; mais le lieu de leur naissance a été la cause de cette différence , encore bien que la nature ait bien plutôt achevé son oeuvre en la procréation de l ' argent qu ' en celle de l' or , ainsi des autres.
D.39. Comment se forme l 'or dans les entrailles de la terre?
R. Quand cette vapeur que nous avons dit , est sublimée au centre de la terre , & qu 'elle passe par des lieux chauds & purs , & ou une certaine graisse de soufre adhère aux parois , alors cette vapeur que les Philosophes ont appelé leur mercure , s ' accommode & se joint à cette graisse , qu ' elle sublime après avec soi ; & de ce mélange résulte une certaine onctuosité , qui laissant ce nom de vapeur , prend alors celui de graisse , & venant puis après à se sublimer en d ' autres lieux , qui ont été nettoyés par la vapeur précédente , & auxquels la terre est plus subtile , pure & humide , elle remplit les pores de la terre , se joint à elle , & c ' est alors ce qui produit l ' or.
D. 40. Comment s'engendre Saturne.
R. Quand cette onctuosité ou graisse parvient à des lieux totalement impurs et froids.
D. 41. Comment cette définition se trouve-t-elle au noviciat ?
R. Par l'explication du mot Profane qui supplée au nom de Saturne, mais que nous appliquons effectivement à tout ce qui réside en un lieu impur et froid, ce qui est marqué par l'allégorie du monde, du siècle et de ses imperfections.
D. 42. Comment désignons-nous l'oeuvre et l'or ?
R. Par l'image d'un chef-d'oeuvre d'architecture, dont au détail nous peignons la magnificence toute éclatante d'or et de métaux précieux.
D. 43. Comment s'engendre Vénus?
R. Elle s'engendre alors que la terre est pure, mais mêlée de Soufre impur.
D. 44. Quel pouvoir à cette vapeur au centre de la terre ?
R. De subtiliser toujours par son continuel progrès, tout ce qui est crud et impur, attirant successivement avec soi ce qui est pur,
D. 45. Quelle est la semence de la première matière de toutes choses ?
R. La première matière des choses, c'est-à-dire, la matière des principes principiants ; naît par la nature sans le secours d'aucune semence, c'est-à-dire, que la nature reçoit la matière des éléments, de laquelle elle engendre ensuite la semence.
D. 46. Quelle est donc absolument parlant la semence des choses?
R. La semence en un corps n'est autre chose qu'un air congelé, ou une vapeur humide, laquelle, si elle n'est résoute par une vapeur chaude, devient tout à fait inutile
D. 47. Comment la génération de la semence se renferme-t-elle dans le règne métallique?
R. Par l'artifice de l'Archée, les quatre éléments en la première génération de la nature, distillant au centre de la terre une vapeur d'eau pondéreuse, qui est la semence des métaux et s'appelle Mercure, non à cause de son essence, mais à cause de sa fluidité et facile adhérence à chaque chose..
D. 48. Pourquoi cette vapeur est-elle comparée au Soufre ?
R. A cause de sa chaleur interne.
D. 49. Que devient la semence après la congélation?
R. Elle devient l'humide radical de la matière.
D. 50. De quel mercure doit-on entendre que les métaux sent composés ?
R. Cela s'entend absolument du mercure des Philosophes, et aucunement du mercure commun ou vulgaire, qui ne peut être une semence ayant. lui-même en soi la semence comme les autres métaux.
D. 51. Que faut-il donc prendre précisément pour le sujet de notre matière?
R. On doit prendre la semence seule ou grain fixe, et non pas le corps entier qui est distingué en mâle vif, c'est-à-dire, soufre et femelle vive, c'est-à-dire en mercure.
D. 52. Quelle opération faut-il faire ensuite ?
R. On doit les conjoindre ensemble, afin qu'ils puissent former un germe, d'où ensuite ils arrivent à procréer un fruit de leur nature.
D. 53. Qu'entend donc de faire l'Artiste dans cette opération ?
R. L'Artiste n'entend faire autre chose, sinon de séparer ce qui est subtil de ce qui est épais.
D. 54. A quoi se réduit conséquemment toute la combinaison philosophique ?
R. Elle se réduit à faire d'un deux et de deux un, et rien de plus.
D. 55. Y a-t-il dans la Maçonnerie quelque analogie qui indique cette opération ?
R. Elle est suffisamment sensible à tout esprit qui Voudra réfléchir en s'arrêtant au nombre mystérieux de trois, sur lequel roule essentiellement toute la science maçonnique.
D. 56. Où se trouve la semence et la vie des métaux et minéraux.
R. La semence des minéraux est proprement l'eau qui se trouve au centre et au coeur du minéral.
D. 57. Comment la nature opère-t-elle par le secours de l'art ?
R. Toute semence, quelle qu'elle soit, est de nulle valeur, si par l'art ou par la nature elle n'est mise en une matrice convenable, ou elle reçoit sa vie en faisant pourrir le germe, et causant la congélation du point pur ou grain fixe.
D. 58. Comment la semence est-elle ensuite nourrie et conservée ?
R. Par la chaleur de son corps.
D. 59. Que fait donc l'Artiste dans le règne minéral ?
R. I achève ce que la nature ne peut finir à cause de la crudité de l'air, qui par sa violence a remplir les pores de chaque corps, non dans les entrailles de la terre, mais dans la superficie.
D. 60. Quelle correspondance ont les métaux entreux ?
R. Pour bien entendre cette correspondance, il faut considérer la position des planètes et faire attention que Saturne est le plus haut de tous, auquel succède Jupiter, puis Mars, le Soleil, Vénus, Mercure et enfin la Lune. Il faut observer que les vertus des planètes ne montent pas, mais qu'elles descendent et l'expérience nous apprend que Mars se convertit facilement en Vénus et non pas Vénus en Mars, comme étant plus basse d'unes sphère : ainsi Jupiter se transmue aisément en Mercure; parce que Jupiter est plus haut que Mercure, celui-là est le
second après le firmament, celui-ci est le second au-dessus de la Terre, et Saturne le plus haut; la Lune la plus basse : le Soleil se mêle avec tous, mais il n'est jamais amélioré par les inférieurs. On voit clairement qu'il y a une grande correspondance entre Saturne et la Lune, au milieu desquels est le Soleil ;mais à tous ces changements le Philosophe doit tâcher d'administrer du Soleil.
D.61. Quand les Philosophes parlent de l'or ou de l'argent, d'où ils extraient leur matière, entendent-ils parler de l'or ou de l'argent vulgaires ?
R. Non, parce que l'or et l'argent vulgaires sont morts, tandis que ceux des Philosophes sont pleins de vie.
D. 62. Quel est l'objet de la recherche des Maçons ?
R. C'est la connaissance de l'art de perfectionner ce que la nature a laissé imparfait dans le genre humain et d'arriver au trésor de la vraie morale.
D. 63. Quel est l'objet de la recherche des Philosophes ?
R. C'est la connaissance de l'art de perfectionner ce que la nature a laissé imparfait dans le genre minéral et d'arriver au trésor de la pierre philosophale.
D. 64. Qu'est-ce que cette pierre ?
R. La pierre philosophale n'est autre chose que l'humide radical des éléments, parfaitement purifiés et amenés à une souveraine fixité, ce qui fait qu'elle opère de si grandes choses pour la santé, la vie résidant uniquement dans l'humide radical.
D. 65. En quoi consiste le secret de taire cet admirable oeuvre ?
R. Ce secret consiste à savoir tirer de puissance en acte le chaud inné, ou le jeu de nature renfermé dans le centre de l'humide radical.
D. 66. Quelles sont les précautions qu'il faut prendre pour ne pas manquer l'oeuvre ?
R. Il faut avoir grand soin d'ôter les excréments à la matière, et ne songer qu'à avoir le noyau, ou le centre qui renferme toute la vertu du mixte.
D. 67. Pourquoi cette médecine guérit-elle toutes sortes de maux ?
R. Cette médecine a la vertu de guérir toutes sortes de maux, non pas à raison de ses différentes qualités, mais en tant seulement qu'elle fortifie puissamment la chaleur naturelle, laquelle elle excite doucement, au lieu que les autres remèdes l'irritent par un mouvement trop violent.
D. 68. Comment me prouverez-vous la vérité de l'art à l'égard de la teinture ?
R. Cette vérité est fondée premièrement sur ce que la poudre physique étant laite de la même matière dont sont tonné les métaux, à savoir de l'argent vif, elle a la faculté de se mêler avec eux dans la fusion, une nature embrassant aisément une autre nature, qui lui est semblable; secondement sur ce que les métaux imparfaits n'étant tels que parce que leur argent vif est cru, la poudre physique, qui est un argent vif mûr et cuit, et proprement un pur jeu, leur peut aisément communiquer la maturité et les transmuer en sa nature, après avoir fait attraction de leur humide cru, c'est-à-dire de leur argent vif, qui est la seule substance qui se transmue, le reste n'étant que des scories et des excréments, qui sont rejetés dans la projection.
D. 69. Quelle route doit suivre le Philosophe pour parvenir à la connaissance et à l'exécution de l'oeuvre physique?
R. La même route que le grand Architecte de l'univers employa à la création du monde, en observant comment le chaos fut débrouillé.
D. 70. Quelle était la matière du chaos ?
R. Ce ne pouvait être autre chose qu'une vapeur humide, parce qu'il n'y a que l'eau entre les substances créées, qui se termine par un terme étranger et qui soit un véritable sujet pour recevoir les formes.
D. 71. Donnez-moi un exemple de ce que vous venez de dire ?
R. Cet exemple peut se prendre des productions particulières des mixtes, dont les semences commencent toujours par se résoudre en une certaine humeur, qui est le chaos particulier, duquel ensuite se tire comme par irradiation toute la forme de la plante. D'ailleurs il faut observer que l'écriture ne fait mention en aucun endroit que de l'eau pour le sujet matériel, sur lequel l'esprit de Dieu était porté, et la lumière pour forme universelle.
D. 72. Quel avantage le Philosophe peut-il tirer de cette réflexion, et que doit-il particulièrement remarquer dans la manière dont l'Etre suprême créa le monde?
R. D'abord, il observera la matière dont le monde a été créé. Il verra que, de cette masse confuse, le souverain Artiste commença par faire l'extraction de la lumière, qui, dans le même instant, dissipa les ténèbres qui couvraient la surface de la terre, pour servir de forme universelle à la matière. Il concevra ensuite facilement que, dans la génération de tous les mixtes, il se fait une espèce d'irradiation et une séparation de la lumière d'avec les ténèbres, en quoi la nature est perpétuellement imitatrice de son créateur. Le Philosophe comprendra pareillement comme par l'action de cette lumière se fit l'étendue, ou autrement le firmament séparateur des eaux d'avec les eaux; le ciel fut ensuite orné de corps lumineux; mais les choses supérieures étant trop éloignées des inférieures, il fut besoin de créer la Lune, comme flambeau intermédiaire entre le haut et le bas, laquelle, après avoir reçu les influences célestes, les communique à la terre; le Créateur rassemblant ensuite les eaux, fit apparoir le sec.
D. 73. Combien y a-t-il de Cieux ?
R. Il n'y en a proprement qu'un; à savoir, le Firmament séparateur des eaux d'avec les eaux : cependant on en admet trois: le premier, qui est depuis le dessus des nues, où les eaux raréfiées s'arrêtent et retombent jusqu'aux étoiles fixes, et dans cet espace sont les planètes et les étoiles errantes. Le second, qui est le lieu même des étoiles fixes: le troisième, qui est le lieu des eaux célestes.
D. 74. Pourquoi la raréfaction des eaux se termine-t-elle au premier ciel et ne monte-t-elle pas au-delà ?
R. Parce que la nature des choses raréfiée est de s'élever toujours en haut, et parce que Dieu, dans ses lois éternelles, a assigné à chaque chose sa propre sphère.
D. 75. Pourquoi chaque corps céleste tourne-t-il invariablement comme autour d'un axe sans décliner ?
R. Cela ne vient que du premier mouvement qui lui a été imprimé, de même qu'une masse pesante mise en balan, et attachée à un simple fil, tournerait toujours également, si le mouvement était toujours égal.
D. 76. Pourquoi les eaux supérieures ne mouillent-elles point i
R. A cause de leur extrême raréfaction; c'est ainsi qu'un savant chimiste peut tirer plus d'avantage de la science de la raréfaction que de toute autre.
D. 77. De quelle matière est composé le firmament ou l'étendue i
R. Le firmament est proprement l'air, dont la nature est beaucoup plus convenable à la lumière que l'eau.
D. 78. Après avoir séparé les eaux du sec et de la terre, que fit le Créateur pour donner lieu aux générations ?
R. Il créa une lumière particulière destinée à cet office, laquelle il plaça dans le jeu central, et tempéra ce jeu par l'humidité de l'eau et la froideur de la terre Il), afin de réprimer son action et que sa chaleur lût plus convenable au dessein de son Auteur.
D. 79. Quelle est l'action de ce feu central ?
R. Il agit continuellement sur la matière humide qui lui est la plus voisine, dont il lait élever une vapeur , qui est le mercure de la nature et de la première matière des trois règnes.
D. 80. Comment se forme ensuite le Soufre de la nature ?
R. Par la double action ou plutôt réaction de ce feu central sur la vapeur mercurielle.
D. 81. Comment se fait le sel marin ?
R. Il se forme par l'action de ce même feu sur l'humidité aqueuse; lorsque l'humidité aérienne qui y est renfermée vient à s'exhaler.
D. 82. Que doit faire un Philosophe vraiment sage, lorsqu'une fois il a bien compris le fondement et l'ordre qu'observa le grand Architecte de l'univers pour la construction de tout ce qui existe dans la nature .
R. Il doit être, autant qu'il se peut, un copiste fidèle de son créateur; dans son oeuvre physique, il doit faire son chaos tel qu'il fut effectivement ; séparer la lumière des ténèbres; former son firmament séparateur des eaux d'avec les eaux, et accomplir enfin parfaitement, en suivant la marche indiquée, tout l'ouvrage de la création. D. 83. Avec quoi fait-on cette grande et sublime opération ?
R. Avec un seul corpuscule ou petit corps, qui ne contient, pour ainsi dire, que des fèces, saletés, abominations, duquel on extrait une certaine humidité ténébreuse et mercurielle, qui comprend en soi tout ce qui est nécessaire au Philosophe, parce qu'il ne cherche en effet que le Vrai mercure.
D. 84. De quel mercure doit-il donc se servir pour l'oeuvre ?
R. D'un mercure qui ne se trouve tel sur la terre, mais qui est extrait des corps, et nullement du mercure Vulgaire, comme il a été dit.
D. 85. Pourquoi ce dernier n'est-il pas le plus propre à notre oeuvre ?
R. Parce que le sage Artiste doit faire attention que le mercure Vulgaire ne contient pas en soi la quantité suffisante de soufre et que, par conséquent, il doit travailler sur un corps créé par la nature, dans lequel elle-même aura joint ensemble le soufre et le mercure, lesquels l'Artiste doit séparer.
D. 86. Que doit-il faire ensuite?
R. Les purifier et les rejoindre derechef.
D. 87. Comment appelez-vous ce corps-là ?
R. Pierre brute, ou chaos, ou illiaste, ou hylé .
D. 88. Est-ce la même pierre brute dont le symbole caractérise nos premiers grades?
R. Oui, c'est la même que les Maçons travaillent à dégrossir, et dont ils cherchent à ôter les superfluités; cette pierre brute est, pour ainsi dire, une portion de ce premier chaos, ou masse confuse connue, mais méprisée d'un chacun.
D. 89. Puisque vous me dites que le mercure est la seule chose que le Philosophe doit connaître, pour ne s'y pas. méprendre, donnez-m'en une description circonstanciée.
R. Notre mercure, eu égard à sa nature, est double, fixe et Volatil ; eu égard à son mouvement, il est double aussi, puisqu'il a un mouvement d'ascension et un de descension: par celui de descension, c'est l'influence des plantes, par laquelle il réveille le feu de la nature assoupi, et c'est son premier office avant sa congélation: par le mouvement d'ascension, il s'élève pour se purifier, et comme c'est après sa congélation, il est considéré alors comme l'humide radical des choses, lequel sous des Viles scories ne laisse pas de conserver la noblesse de sa première origine .
D. 90. Combien compte-t-on d'humide dans chaque composé?
R. Il y en a trois: 1° l'élémentaire, qui n'est proprement que le vase des autres éléments: 2° la radicale, qui est proprement l'huile, ou le baume dans lequel réside toute la vertu du sujet: 3° l'alimentaire, c'est le véritable dissolvant de la nature, excitant le feu interne, assoupi, causant par son humidité la corruption et la noirceur, et entretenant, et alimentant le sujet.
D. 91. Combien les Philosophes ont-ils de sortes de mercure ?
R. Le mercure des Philosophes peut se considérer sous quatre égards; au premier on l'appelle le mercure des corps, c'est précisément la semence cachée: au second, le mercure de la nature; c'est le bain ou le vase des Philosophes, autrement dit l'humide radical: au troisième, le mercure des Philosophes, parce qu'il se trouve dans leur boutique et dans leur minière; c'est la sphère de Saturne; c'est leur Diane; c'est le vrai sel des métaux, après lequel, lorsqu'on l'a acquis, commence seulement véritable oeuvre philosophique: au quatrième égard, on, l'appelle le mercure commun, non pas celui du vulgaire, mais. celui qui est proprement le véritable air des Philosophes, la véritable moyenne substance de l'eau, le vrai jeu secret et caché, nommé le FEU commun, à cause qu'il est commun à toutes les minières, qu'en lui consiste la substance des métaux, et que c'est de lui qu'ils tirent leur quantité et qualité.
D. 92. Pourquoi les Maçons ont-ils les nombres impairs, et nommément le septenaire, en vénération ? .
R. Parce que la nature, qui se plaît dans ses propres nombres, est satisfaite du nombre mystérieux de sept, surtout dans les choses subalternes, ou qui dépendent du globe lunaire ; la lune nous faisant voir sensiblement un nombre infini d'altérations et de vicissitudes dans ce nombre septenaire.
D. 93. Combien d'opérations y a-t-il dans votre oeuvre ?
R. Il n'y en a qu'une seule, qui se réduit à la sublimation qui n'est autre chose, selon Geber, que l'élévation de la chose sèche par le moyen du feu avec adhérence .à son propre vase.
D. 94. Quelle précaution doit-on prendre en lisant les Philosophes hermétiques ?
R. Il faut surtout avoir grand soin de ne pas prendre ce qu'ils disent à ce sujet au pied Je la lettre, et suivant le son des mots : Car la lettre tue et l'esprit vivifie.
D. 95. Quels livres doit-on lire pour parvenir à la connaissance de notre science ?
R. Entre les anciens, il faut lire particulièrement tous les ouvrages d'Hermès, ensuite un certain livre intitulé: Le Passage de la Mer Rouge et un autre appelé l'Abord de la Terre promise. Parmi les anciens, il faut lire surtout Paracelse, et entre autres son Sentier Chymique ou Manuel de Paracelse, qui contient tous les mystères de la physique démonstrative et de la plus secrète cabale ; ce livre manuscrit, précieux et original, ne se trouve que dans la bibliothèque du Vatican; mais Sendivogius a eu le bonheur d'en tirer une copie, qui a servi à éclairer quelqu'un des Sages de notre Ordre . 2°. Il faut lire Raymond Lulle, et surtout son Vade mecum, son dialogue appelé Lignum Vitoe, son testament et son codicille ; mais on sera en garde contre ces deux derniers ouvrages, parce que, ainsi que ceux de Geber, ils sont remplis de fausses recettes, ainsi que les ouvrages d'Arnauld de Villeneuve, leur but, en cela, ayant été, suivant toute apparence, de déguiser davantage la vérité aux ignorants. 3° Le Turba Philosophorum, qui n'est qu'un ramas d'anciens Auteurs, contient une partie assez bonne, quoi qu'il y ait beaucoup de choses sans valeur. 4° Entre les auteurs du moyen-âge, on doit estimer Zacharie, Trevisan, Roger Bacon et un certain anonyme, dont le livre a pour titre: Des Philosophes. Parmi les auteurs modernes, on doit faire cas de jean Fabre, Français de nation, et de Despagnet, où l'auteur de la Physique restituée, quoiqu'à dire vrai, il ait mêlé dans son livre quelques faux préceptes et des sentiments erronés.
D.96 Quand un Philosophe peut-il risquer d'entreprendre j'oeuvre ?
R. Lorsqu'il saura par théorie tirer d'un corps dissout par le moyen d'un esprit crud, un esprit digeste, lequel il faudra derechef rejoindre à l'huile vitale.
D. 97. Expliquez-moi cette théorie plus clairement ?
R. Pour rendre la chose plus sensible, en voici le procédé : ce sera lorsque le Philosophe saura, par le moyen d'un menstrue végétable uni au minéral, dissoudre un troisième menstrue essentiel, avec lequel réunis il faut laver la terre et l'exalter ensuite en quintessence céleste, pour en composer leur foudre sulfureux, lequel dans un instant pénètre les corps et détruit leurs excréments.
D. 98. Comment donnons-nous, dans nos éléments maçonniques, les rudiments de cette quintessence céleste ?
R. Par le symbole de l'Etoile Flamboyante, que nous disons feu central et vivificateur.
D. 99. Ceux qui prétendent se servir d'or vulgaire pour la semence et du mercure vulgaire pour le dissolvant, ou pour la terre dans laquelle il doit être semé, ont-ils une parfaite connaissance de la nature ?
R. Non vraiment, parce que ni l'un ni l'autre n'ont en eux l'agent externe; l'or, pour en avoir été dépouillé par la décoction, et le mercure pour n'en avoir jamais eu.
D.100. En cherchant cette semence aurifique ailleurs que dans l'or même, ne risque-t-on pas de produire une espèce de monstre, puisqu'il paraît que l'on s'écarte de la nature ?
R. Il est sans aucun doute, que dans l'or est contenue la semence aurifique, et même plus parfaitement qu'en aucun autre corps : mais cela ne nous oblige pas à nous servir de l'or vulgaire, car cette semence se trouve pareillement en chacun des autres métaux, et ce n'est autre chose que ce grain fixe, que la nature a introduit en la première congélation du mercure, tous les métaux ayant une même origine, et une matière commune, ainsi que le connaîtront parfaitement au grade suivant ceux qui se rendront dignes de le recevoir par leur application et une étude assidue.
D. 101. Que s'ensuit-il de cette doctrine ?
R. Elle nous enseigne que, quoique la semence soit plus parfaite dans l'or, toutefois elle se peut extraire bien plus aisément d'un autre corps que de l'or même. La raison en est que les autres corps sont bien plus ouverts, c'est-à-dire moins digérés et leur humidité moins terminée.
D, 102. Donnez-moi un exemple pris dans la nature ?
R. L'or Vulgaire ressemble à un fruit, lequel, parvenu à une parfaite maturité, a été séparé de l'arbre, et quoi qu'il y ait en lui une semence très parfaite et très digeste, néanmoins si quelqu'un, pour le multiplier, le mettait en terre, il faudrait beaucoup de temps, de peine, de soins, pour le conduire jusqu'à la Végétation. Mais si, au lieu de cela, on prenait une greffe ou une racine du même arbre et qu'on la mit en terre, on la Verrait en peu de temps et sans peine Végéter et rapporter beaucoup de fruits.
D. 103. Est-il nécessaire, à un amateur de cette science de connaître la formation des métaux dans les entrailles de la terre, pour parvenir à former son oeuvre ?
R. Cette connaissance est tellement nécessaire, que, si avant toute autre étude, on ne s'y appliquait pas, et l'on ne cherchait pas à imiter la nature en tout point, jamais on ne pourrait arriver à rien faire de bon.
D.104. Comment la nature forme-t-elle donc les métaux dans les entrailles de la terre et de quoi les compose-t-elle ?
R. La nature les compose tous de soufre et de mercure et les forme par leur double vapeur.
D.105. Qu'entendez-vous par cette double vapeur et comment par cette double vapeur les métaux peuvent-ils être formés ?
R. Pour bien entendre cette réponse, il faut savoir d'abord que la vapeur mercurielle, unie à la vapeur sulfureuse en un lieu caverneux où se trouve une eau salée qui leur sert de matrice, il se forme premièrement le vitriol de nature, secondement de ce vitriol de nature, par la commotion des éléments, s'élève une nouvelle vapeur, qui n'est ni mercurielle ni sulfureuse, mais qui tient des deux natures, laquelle, arrivant en des lieux ou adhère la graisse du soufre, s'unit avec elle et de leur union se forme une substance glutineuse, ou masse informe ; sur laquelle la vapeur répandue en ces lieux caverneux agissant par le moyen du soufre qu'elle contient en elle, il en résulte des métaux parfaits si le lieu et la vapeur sont purs, et imparfaits si, au contraire, le lieu et la vapeur sont impurs: ils sont dits imparfaits, ou non parfaits, pour n'avoir pas reçu leur entière perfection par la coction.
D. 106. Que contient en soi cette vapeur ?
R. Elle contient un esprit de lumière et de feu de la nature des corps célestes, lequel doit être proprement considéré comme la forme de l'univers.
D. 107. Que représente cette vapeur ?
R. Cette vapeur ainsi imprégnée de l'esprit universel, qui n'est autre que la véritable Etoile flamboyante, représente assez bien le premier chaos, dans lequel se trouvait renfermé tout ce qui était nécessaire à la création, c'est à-dire la matière et la forme universelle.
D. 118. Ne peut-on pas non plus employer l'argent vif vulgaire dans ce procédé ? .
R. Non, parce que, comme il a déjà été dit, l'argent vif vulgaire n'a pas avec lui l'agent externe.
D. 109. Comment cela est-il désigné en Maçonnerie?
R. Par le mot de Vulgaire ou profane; en nommant tel tout sujet qui n'est pas propre à l'oeuvre maçonnique. C'est dans ce sens qu'il convient d'entendre le couplet : Vous qui du vulgaire stupide, etc. Il est appelé stupide, parce qu'il n'a pas Vie en soi.
D. 110. D'où provient que l'argent vif vulgaire n'a pas avec lui son argent externe ?
R. De ce que lors de l'élévation de la double vapeur, la commotion est si grande et si subtile , qu'elle fait évaporer l'esprit ou l'agent, à peu près comme il arrive dans la fusion des métaux : de sorte que la seule partie mercurielle reste privée de son mâle ou agent sulfureux, ce qui fait qu'elle ne peut jamais être transmuée en or par la nature..
D. 111. Combien de sortes d'or distinguent les Philosophes ?
R. Trois sortes : l'or astral, l'or élémentaire et l'or vulgaire.
D. 112. Qu'est-ce que l'or astral?
R. L'Or astral a son centre dans le Soleil, qui le communique par ses rayons, en même temps que sa lumière, à tous les êtres qui lui sont inférieurs : c'est une substance ignée et qui reçoit une continuelle émanation des corpuscules solaires qui pénètrent tout ce qui est sensitif, végétatif et minéral.
D.113. Est-ce dans ce sens qu'il faut considérer le Soleil peint au tableau des premiers grades de l'Ordre ?
R. Sans difficulté: toutes les autres interprétations sont des voiles pour déguiser au candidat les vérités philosophiques qu'il ne doit point apercevoir du premier coup d'oeil et sur lesquelles il faut que son esprit et ses méditations s'exercent.
D. 114. Qu'entendez-vous par or élémentaire ?
R. C'est la plus pure et la plus fixe portion des éléments et de toutes les substances qui en sont composées; Je sorte que tous les êtres sublunaires des trois genres contiennent dans leur centre un précieux grain de cet or élémentaire.
D. 115. Comment est-il figuré chez nos Frères les Maçons ?
R. Ainsi que le Soleil au tableau indique l'or astral, la Lune signifie son règne sur tous les corps sublunaires qui lui sont subjacents, contenant en leur centre le grain fixe de l'or élémentaire.
D. Il 6. Expliquez-moi l'or vulgaire?
R. C'est le plus beau métal que nous voyons et que la nature Puisse produire, aussi parfait en soi qu'inaltérable.
D. 117. Où trouve-t-on sa désignation aux symboles de l'Art Royal?
R. Dans les trois médailles, etc., le triangle, le compas et
tous autres bijoux ou instruments représentatifs comme de pur or.
D.118. De quelle espèce d'or est la pierre des Philosophes ?
R. Elle est de la seconde espèce, comme étant la plus pure portion de tous les éléments métalliques après sa purification et alors il est appelé or vif philosophique.
D. 119. Que signifie le nombre quatre adopté dans le grand Ecossisme de Saint André d'Ecosse, le complément des progressions maçonniques ?
R. Outre le parfait équilibre et la parfaite égalité des quatre éléments dans la Pierre physique, il signifie quatre choses qu'il faut faire nécessairement pour l'accomplissement de l'oeuvre, qui sont: composition, altération, mixtion et union, lesquelles, une fois faites dans les règles de l'art, donneront le fils légitime du Soleil et produiront le Phénix toujours renaissant de ses cendres.
D. 120. Qu'est-ce que c'est proprement que l'or vif des Philosophes ?
R. Ce n'est autre chose que le feu du mercure, ou cette vertu ignée renfermée dans l'humide radical, à qui il a déjà communiqué la fixité et la nature du soufre, d'où il est émané: le soufre des Philosophes ne laissant pas aussi d'être appelé mercure, à cause que toute sa substance est mercurielle.
D, 121. Quel autre nom les Philosophes donnent-ils à leur or vif ?
R. Ils l'appellent aussi leur soufre vif, ou leur vrai feu, et il se trouve renfermé en tout corps et nul corps ne peut subsister sans lui.
D, 122. Où faut-il chercher notre or vif, ou notre soufre vif
et notre vrai feu ?
R. Dans la maison du mercure.
D. 123. De quoi ce feu vit-il ?
R. De l'air.
D, 124. Donnez-moi une comparaison du pouvoir de ce feu ?
R. Pour exprimer cette attraction du feu interne, on ne peut pas donner une meilleure comparaison que celle de la foudre, qui n'est d'abord qu'une exhalaison sèche et terrestre, unie à une vapeur humide, mais qui, à force de s'exalter, venant à prendre la nature ignée, agit sur l'humide qui lui est inhérent, qu'elle attire à soi et transmue en sa nature, après quoi elle se précipite avec rapidité vers la terre, où elle est attirée par une nature fixe semblable à la sienne.
D.125. Que doit faire le Philosophe après qu'il aura extrait son mercure ?
R Il doit l'amener ou réduire de puissance en acte.
D.126. La nature ne peut-elle pas le faire d'elle-même ?
R. Non, parce qu'après une première sublimation, elle s'arrête; et de la matière ainsi disposée s'engendrent les métaux.
D. 127. Qu'entendent les Philosophes par leur or et par leur argent ? R. Les Philosophes donnent le nom d'or à leur soufre et celui d'argent à leur mercure.
D.128. D'où les tirent-ils ?
R. Je vous ai déjà dit qu'ils les tirent d'un corps homogène où ils se trouvent avec abondance et d'où ils les savent extraire l'un et l'autre par un moyen admirable et tout à fait philosophique.
D. 129. Dès que cette opération sera dûment faite, que doit-on faire ensuite ?
R. On doit faire son amalgame philosophique avec une très grande industrie, lequel partant ne se peut exécuter qu'après la sublimation du mercure et sa due préparation.
D 130. Dans'quel temps unissez-vous votre matière avec
l'or vif ?
R. Ce n'est que dans le temps'qu'on l'amalgame, c'est-à-dire : par le moyen de cette amalgame, on introduit en lui le soufre, pour ne faire ensemble qu'une seule substance, et, par l'addition de ce soufre, l'ouvrage est abrégé et la teinture augmentée.
D, 131. Que contient le centre de l'humide radical ?
R. Il contient et cache le soufre, qui est couvert d'une écorce dure.
D, 132. Que faut-il faire pour l'appliquer au grand oeuvre ?
R. Il faut le tirer de ses prisons avec beaucoup d'art et par la voie de la putréfaction.
D, 133. La nature a-t-elle dans les mines un menstrue convenable, propre à dissoudre et à délivrer ce Soufre?
R. Non: à cause qu'il n'a pas un mouvement local ; car si elle pouvait derechef dissoudre, putréfier et purifier le corps métallique, elle nous donnerait elle-même la Pierre physique, c'est-à-dire un Soufre exalté et multiplié en vertu.
D, 134. Comment m'expliqueriez-vous par un exemple cette doctrine ?
R. C'est encore par la comparaison d'un huit ou d'un grain, qui est derechef mis dans une terre convenable pour y pourrir et ensuite pour multiplier. Or le Philosophe, qui connaît le bon grain, le tire de son centre, le jette dans la terre qui lui est Propre, après l'avoir bien fumée et préparée, et là il se subtilise tellement, que sa vertu prolifique s'étend et se multiplie à l'infini,
D. 135. En quoi consiste donc tout le secret pour la semence ?
R. A bien connaître la terre qui lui est propre.
D, 136. Qu'entendez-vous par la semence dans l'oeuvre des
Philosophes ?
R. J'entends le chaud inné, ou l'esprit spécifique renfermé dans l'humide radical, ou la moyenne substance de l'argent vif, qui est proprement le sperme des métaux, lequel renferme en soi sa semence.
D, 137. Comment délivrez-vous le soufre de ses prisons ?
R. Par la putréfaction.
D, 138. Quelle est la terre des minéraux ?
R. C'est leur propre menstrue.
D, 139. Quel soin doit avoir le Philosophe pour en tirer le parti qu'il désire ?
R. Il faut qu'il ait un grand soin de la purger de ses vapeurs fétides et soufres impurs, après quoi on y jette la semence.
D, 140. Quel indice peut avoir l'artiste qu'il soit sur le bon chemin au commencement de son oeuvre ?
R. Quand il verra qu'au temps de la dissolution, le dissolvant et la chose dissoute demeurent ensemble sous une même forme et matière.
D, 141. Combien de solutions y a-t-il dans l'oeuvre philosophique?
R. Il y en a trois, nombre par cette raison mystérieux et respectable aux Maçons. La première est celle du corps cru et métallique, par laquelle il est réduit dans ses principes de soufre et d'argent vif ; la seconde, celle du corps physique; et la troisième, celle de la terre minérale.
D, 142. Comment, par la première solution, peut-on réduire un corps métallique en mercure et puis en soufre ?
R. Par le feu occulte artificiel ou l'Etoile Flamboyante .
D. 143. Comment se fait cette opération?
R. En tirant d'abord du sujet le mercure, ou la vapeur des éléments, et, après l'avoir purifiée, s'en servir à sortir le soufre de ses enveloppes, par la voie de la corruption, dont le signe est la noirceur.
D. 144. Comment se fait la seconde solution ?
R. Quand le corps physique se résout avec les deux substances susdites et acquiert la nature céleste.
D. .145. Quel nom donnent les Philosophes à la matière dans ce temps ?
R. Ils l'appellent leur Chaos physique (ou plus exactement philosophique) et pour lors c'est la vraie première matière, qui n'est proprement dite telle qu'après la jonction -du mâle, qui est le soufre, et de la femelle qui est le mercure, et non pas auparavant.
D, 146. A quoi se rapporte la troisième solution ?
R. Elle est l'humectation de la terre minérale, et elle a un entier rapport à la multiplication.
ment le sujet et de lui permettre d'accomplir les miracles de la chose Une.
D, 147. Est-ce dans ce sens qu'il faut entendre la multiplication usitée dans les nombres maçonniques ?
R. Oui, nommément celle du nombre trois, pour le conduire à son cube, par les progressions connues de 3, 9, 27, 81.
D, 148. De quel feu doit-on se servir dans notre oeuvre ?
R. Du feu dont se sert la nature.
D, 149. Quel pouvoir a ce feu ?
R. Il dissout toutes choses dans le monde, parce qu'il est le principe de toute dissolution et corruption.
D, 150. Pourquoi l'appelle-t-on aussi mercure ?
R. Parce qu'il est de nature aérienne et d'une nature très subtile participant toutefois du soufre, d'où il a tiré quelque souillure.
D.151. Où est caché ce feu ?
R. Il est caché dans le sujet de l'art.
D. 152. Qui est-ce qui peut connaître et former ce feu ?
R. Le Sage sait construire et purifier ce feu.
D. 153. Quel pouvoir et qualité ce feu a-t-il en soi ?
R. Il est très sec et dans un continuel mouvement et ne demande qu'à corrompre et à tirer les choses de puissance en acte; c'est lui enfin qui, rencontrant dans les mines des lieux solides, circule en forme de vapeur sur la matière et la dissout.
D, 154. Comment connaîtrait-on plus facilement ce feu ?
R. Par les excréments sulfureux où il est renfermé et par l'habillement salin -dont il est revêtu.
D, 155. Que faut-il à ce feu pour qu'il puisse mieux s'insinuer dans le genre féminin?
R. A cause de son extrême siccité, il a besoin d'être humecté.
D, 156. Combien y a-t-il de feux philosophiques ?
R. Il y en a de trois sortes, qui sont le naturel, l'innaturel et le contre nature.
D, 157. Expliquez-moi ces trois sortes de feux?
R. Le feu naturel est le feu masculin, ou le principal agent; l'innaturel est le féminin, ou le dissolvant de nature, nourrissant et prenant la forme de fumée blanche, lequel s'évanouit aisément quand il est sous cette forme, si'on n'y prend bien garde et il est presque incompréhensible, quoique, par la sublimation philosophique, il devienne corporel et resplendissant; le. feu contre nature est celui qui corrompt le composé et a le pouvoir de délier ce que la nature avait fortement lié.
D, 158. Où se trouve notre matière ?
R. Elle se trouve partout, mais il la faut chercher spécialement dans la nature métallique, où elle se trouve plus facilement qu'ailleurs.
D, 159. Laquelle doit-on préférer à toutes les autres?
R. On doit préférer la plus mûre, la plus propre et la plus facile, mais il faut prendre garde surtout que l'essence métallique y soit non seulement en puissance, mais aussi en acte, et qu'il y ait une splendeur métallique.
D, 160. Tout est-il renfermé dans ce sujet ?
R. Oui, mais il faut pourtant secourir la nature, afin que l'ouvrage soit mieux et plutôt fait, et cela par les moyens que l'on connaît dans les autres Grades.
D, 161. Ce sujet est-il d'un grand prix?
R. Il est vil et n'a d'abord aucune élégance en soi, et si quelques-uns disent qu'il est vendable, ils ont égard à l'espèce, mais au fond il ne se vend point, parce qu'il n'est utile que pour notre oeuvre.
D, 162. Que contient notre matière?
R. Elle contient le sel, le soufre et le mercure.
D, 163. Quelle est l'opération qu'on doit apprendre à faire ?
R. Il faut savoir extraire le sel, soufre et mercure l'un après l'autre.
D, 164. Comment cela se fait-il ?
R. Par la seule et complète sublimation.
D, 165. Qu'extrait-on d'abord ?
R. On tire d'abord le mercure en forme de fumée blanche.
D, 166. Que vient-il après?
R. L'eau ignée ou le soufre.
D, 167. Que faut-il faire ensuite?
R. Il faut le dissoudre avec le sel purifié, volatilisant d'abord le fixe, et puis fixant le volatil en terre précieuse, laquelle est le véritable vase des Philosophes et de toute perfection,
D. 168. Ne pourriez-vous pas mettre tout à coup sous les yeux et réunir comme en un seul point, les principes, les formes, les vérités et les caractères essentiels de la science des Philosophes, ainsi que du procédé méthodique de l'oeuvre ?
R. Un morceau lyrique, composé par un ancien Philosophe, qui joignait à la solidité de la science, le talent agréable de badiner avec les Muses, peut remplir à tous égards ce que vous me demandez : aucune science n'étant effectivement étrangère aux enfants de la Science, cette Ode, quoi qu'en langue italienne, la plus propre à peindre des idées sublimes, trouve ici sa place.
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D, 169. Quelle heure est-il quand le Philosophe commence son travail ?
R. Le point du jour, car il ne doit jamais se relâcher de son activité.
D, 170. Quand se repose-t-il ?
R. Lorsque l'oeuvre est à la perfection.
D, 171. Quelle heure est-il à la fin de l'ouvrage ?
R. Midi plein; c'est-à-dire l'instant où le Soleil est dans sa plus grande force et le fils de cet astre en sa plus brillante splendeur.
D, 172. Quel est le mot de la magnésie ?
R. Vous savez si je puis et dois répondre à la question, je garde la parole.
D, 173. Donnez-moi le mot de ralliement des Philosophes ?
R. Commencez, je vous répondrai.
D, 174. Etes-vous apprenti Philosophe?
R. Mes amis et les Sages me connaissent.
D. 175. Quel est l'âge d'un Philosophe ?
R. Depuis l'instant de ses recherches, jusqu'à celui de ses découvertes : il ne vieillit point.
N. B. - Si tous les catéchismes de Maçonnerie étaient aussi instructifs que celui-là, et ceux des autres grades de cette partie que j'espère communiquer un jour au public, s'il accueille cette ébauche, - il est à croire que l'on s'appliquerait davantage à se ressouvenir des questions de 1'ordre, mais leur sécheresse fatigue la mémoire, perd le temps et rebute l'esprit.
L'on a eu soin de mettre en lettres italiques toutes les questions et réponses qui sont absolument directes à la Maçonnerie proprement dite, ou qui en émanent, pour la facilité des intelligents en cette partie, attendu que l'objet purement philosophique contenu en ce grade ou sublime philosophie inconnue, peut être également utile à ceux qui ne sont pas Maçons, y ayant beaucoup de curieux et amateurs de la science, qui, sans être imbus des principes de l'Art Royal, s'appliquent aux recherches curieuses de la nature : et, en effet, le sort d'une chose bonne est de pouvoir l'être généralement pour tout le monde, sans que telle ou telle qualité prise d'une société particulière puisse exclure de sa participation. Le reproche que l'on a fait de tout temps à la Maçonnerie étant de dire que, puisque, Par son régime, elle doit rendre les hommes meilleurs, il est absurde que ses connaissances soient absolument réservées à Une poignée d'êtres, qui, par état, sont tenus d'en faire un mystère : l'objection cesse totalement, s'il est vrai que la Science des Maçons et leur but positif soit la Philosophie hermétique, telle que l'on vient de la détailler. Je ne cautionnerais pas cette vérité, en supposant que c'en soit une, parce que je me suis imposé la loi de ne présenter jamais mon opinion Particulière pour une règle de décision, et qu'il convient à la modestie de toute personne qui se mêle d'écrire sans prétendre former de système, de laisser à chacun la liberté des combinaisons, sauf à fixer, par des raisonnements solides, les irrésolutions de ceux qui voudraient bien le consulter. Pour mon goût personnel, j'aimerais assez que la chose des Maçons fût effectivement la découverte du grand oeuvre : j'y trouve de grandes probabilités et il est constant qu'en anatomisant plusieurs de ce que l'on appelle grands grades, en écartant le mysticisme des uns, les entours fabuleux des autres, on les tournerait aisément à la spéculation physique, dont au fond ils semblent vouloir établir les principes ; un seul exemple le prouve : les faux schismes de Rose-Croix, traités avec l'appareil pieux, vague, lugubre et brillant, dont on les surcharge en certaines Loges, n'offrent à l'esprit de celui que l'on initie que l'action sainte, des mystères révérés que l'on peut avoir décrits en des livres que ce grade copie, pour ainsi dire et ce n'est plus à beaucoup près le véritable Rose-Croix, tel qu'il fut dans sa très ancienne origine; cependant à qui voudrait le décomposer, en suivant exactement les mêmes surfaces, sous des analogies philosophiques, y trouverait infailliblement le grain fixe, si ce terme est permis, des éléments de la Science d'Hermès : et la signature même des Maçons orgueilleux de ce grade,
F. R.C., ne signifie autre chose que Fraters Roris Cocti. Le grade Au Phénix, que quelques-uns apprécient beaucoup plus qu'il r . vaut, revient entièrement à cette partie, le Tetragrammaton, le Stibium, la Pentacule, sont des emblèmes précis : de faux docteurs y ajoutent de très fausses recettes, contenues en une manière de procédé prescrit pour la perfection du Stibium; ces erreurs ne trompent pas le Sage, c'est à lui à les rectifier: il est toujours bien flatteur pour les Maçons de pouvoir aspirer à cette qualité, et se parer d'un titre qui fait honneur à l'esprit, annonce la Pureté du coeur et rassemble les ouvriers intelligents, dont le but est d'aider et d'éclairer l'humanité.