Ce médecin et chimiste belge (il est né à Bruxelles en 1577) est I'auteur d'une des plus importantes découvertes de la science, celle des gaz. Il reconnut d'abord la présence de I'acide carbonique et par déduction s'aperçut qu'il s'agissait Ià d'un corps chimique nouveau. II nous dit en effet : "cet esprit qui ne peut être contenu dans des vaisseaux ni être réduit en un corps visible, je I'appelle d'un nouveau nom : gaz". II reconnut aussi I'existence de I'hydrogène sulfuré dans le gros intestin de I'homme; il constata la présence d'un suc acide émis par I'estomac; il prépara I'acide chlorhydrique, I'huile de soufre, I'acétate d'ammoniaque, etc.
En 1618, alors qu'il travaillait dans son laboratoire de Vilvorde, Van Helmont reçut la visite d'un inconnu qui voulait, dit-il, I'entretenir d'une matière les intéressant tous deux. Le savant pensa tout d'abord avoir affaire à quelque confrère qui désirait lui parler de sujets médicaux, mais I'inconnu se mit bientôt à aborder I'art hermétique. Van Helmont I'arrêta tout de suite en lui disant qu'il considérait que I'alchimie était une superstition dénuée de toute réalité scientifique et qu'il ne voulait pas en entendre parler. L'étranger lui dit alors :
"je comprends que vous ne désiriez point en disputer, Maître Van Helmont, mais oseriez-vous vraiment prétendre que vous ne désireriez point voir ?"
Surpris, le savant lui demanda ce qu'il entendait exactement par voir. L'autre répondit :
"Ce n'est point une fable lorsque je vous affirme que la Pierre philosophale existe et qu'elle est douée d'un pouvoir transmutatoire. J'admets que vous ne me croyiez point, mais, refuserez-vous si je vous donne un morceau de cette Pierre et que je vous laisse opérer par vous-même ?
Van Helmont, pensant avoir affaire à un fou ou à un charlatan, lui répondit qu'il voulait bien expérimenter lui-même un morceau de la Pierre, étant entendu que son interlocuteur le laisserait opérer seul et dans les conditions choisies par lui. Il pensait ainsi décourager le personnage mais il n'en fut rien. Son visiteur accepta aussitôt et déposa sur une feuille de papier qui se trouvait sur la table du chimiste quelques grains de d'une poussière que Van Helmont décrit ainsi : "j'ai vu et manier la Pierre philosophale. Elle avait la couleur du safran en poudre, elle était lourde et brillante comme le verre en morceaux."
Cela fait, l'inconnu demanda à prendre congé, comme Van Helmont désirait savoir s'il reviendrait pour constater les résultats de l'expérience, son visiteur lui répondit que cela n'était pas nécessaire puisqu'il était assuré du succès de l'entreprise. En le raccompagnant, Van Helmont lui demanda pourquoi il avait spécialement tenu à lui faire faire cette expérience, et l'autre répondit qu' il désirait "convaincre l'illustre savant dont les travaux honoraient son pays".
Un peu ébranlé par l'assurance de son interlocuteur, le chimiste décida de tenter l'expérience. Il fit préparer par ses aides de laboratoire un creuset où il plaça huit onces de mercure. Une fois le métal fondu, il y précipita la petite quantité de matière que lui avait donné l'inconnu, après l'avoir enveloppée dans un peu de papier, comme son visiteur le lui avait bien recommandé. Puis il plaça un couvercle sur le creuset et attendit un quart d'heure; au bout de ce temps, il fit inonder d'eau le creuset afin de le refroidir brutalement et le cassa : au centre se trouvait un morceau d'or d'un poids égal à celui du mercure qu'il y avait placé initialement.
Le récit que je viens de faire n'est nullement imaginaire, c'est Van Helmont lui-même qui coucha par écrit et fit publier sous son nom et sous sa responsabilité cette relation des événements.
Il eut en effet le courage et, pour tout dire, l'esprit scientifique, de reconnaître publiquement son erreur et de proclamer qu'il était désormais convaincu de la réalité de fait alchimique. En souvenir de cette extraordinaire expérience, il nomma un de ses fils Mercurius, et ce dernier, à son tour, devint un fervent défenseur de l'alchimie puisqu'il convertit ensuite l'illustre philosophe Leibniz. Lisons maintenant la conclusion de Louis Figuier : "Van Hemont, le chimiste le plus habile de sont temps, était difficile à tromper; il était lui-même incapable d'imposture il n'avait aucun intérêt à mentir, puisqu'il ne tira jamais le moindre partit de cette observation. Enfin, l'expérience ayant eu lieu hors de la présence de l'alchimiste, il était difficile de soupçonner une fraude. Van Helmont fut si bien trompé à ce sujet, qu'il devint, à dater de ce jour, partisan avoué de l'alchimie." Il faut avouer que l'emploi du mot "trompé" par Figuier ne manque pas de sel, car il n'offre aucune explication raisonnable d'une éventuelle tromperie. En fait, il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre; Van Helmont, par contre, me paraît un exemple tout à fait remarquable d'un esprit scientifique ouvert, tel qu'il devrait toujours être.
LA VIE DU DIABOLIQUE DOCTEUR VAN HELMONT
Jean-Baptiste van Helmont vivait au temps de Louis XIII. Philosophe, médecin, alchimiste, physiologiste, il exerçait le magnétisme animal au mépris des avertissements de l'Inquisition. L'Eglise le disait fou, diabolique et hérétique. Il fut emprisonné à Malines, cloîtré à Bruxelles, assigné à résidence jusqu'à sa mort en 1644.
Ses crimes ?
Le rejet des dogmes de la science infuse pour chercher la vérité par l'expérience, l'invention du thermomètre ou la découverte du gaz ... .
L'homme était issu d'une famille catholique de vieille noblesse flamande. Son père fut auditeur auprès de la Cour des Comptes du Brabant. Sur ordre du Duc d'Albe, il fit détruire les armoiries et saisir tous les biens du Comte d'Egmont après sa décapitation sur la Grand-Place.
Le jeune docteur van Helmont fut très marqué par ce sombre épisode. Son indépendance d'esprit à l'égard de la toute puissance de l'Eglise en sortit renforcée. Il avait étudié la médecine, la chimie et la philosophie à l'Université Catholique de Louvain. A cette époque, l'enseignement gravitait autour de la quête de la pierre philosophale, tandis que la médecine se gaussait de latin savant.
Jean-Baptiste van Helmont va bouleverser les conceptions médicales en rendant visite à ses patients. Traditionnellement, les docteurs ne touchaient pas les malades. Le diagnostic était posé à la tête du client, Van Helmont décrira en latin et en néerlandais le fruit de ses expérimentations, ne croyant que ce qu'il voyait. Toujours à l'affût d'une observation scientifique, il se pencha sur la redéfinition des éléments.
Au Moyen Age, la terre, l'air, l'eau et le feu étaient les bases sacrées de la création universelle. Jean-Baptiste van Helmont fut parmi les premiers à mettre en doute ces fondements. Intuitivement, il a reniflé plusieurs "sortes d'air", en constatant un dégagement de CO2 dans l'eau de Spa. Il définit le phénomène en créant le mot "gaz".
Trois siècles ont passé et un des ses descendants, Jan van Helmont, a rassemblé toutes les archives disponibles sur son ancêtre. Avec l'aide d'un historien, il vient d'éditer la première biographie de Léonard de Vinci bruxellois.
BRUXELLES, CAPITALE MYSTIQUE DE L'ALCHIMIE
Tout le monde connaît l'histoire de notre vieille ville de Bruxelles, mais peu de personnes connaissent son passé alchimique.
Pourtant, il fut une époque où une fois la nuit tombée, on apercevait parmi les soupiraux des caves quelques étranges lueurs qui n'étaient autres que celles des fourneaux de nos bons vieux alchimistes.
Leurs caves sentaient le soufre et le charbon et leur quête était celle de l'immortalité et de la transmutation du plomb en or.
On y trouve encore par ci, par là quelques vestiges symboliques de leur étrange savoir, pour cela il suffit de parcourir les ruelles de notre Grand Place et étudier les symbolismes de ses fresques.
On se souviendra d'ailleurs d'un étrange personnage nommé van Helmont qui marqua l'histoire par son étrange savoir sur la science de l'absolu.
Nous vous publions avec cet article la recette du grand oeuvre ayant, paraît-il, été écrit par l'alchimiste van Helmont et ceci en exclusivité car elle n'a jamais été publiée jusqu'à ce jour ... alors, à vos fourneaux.
La pierre des sages élaborées grâce aux trois vases philosophiques
VASE N°1 : "L'amalgame philosophique"
on récolte de la ROSEE au printemps dans des conditions astrologiques très favorables à notre oeuvre.
ensuite on DINAMISE cette rosée en l'exposant, dans un récipient en ZINC, aux rayons de la pleine lune.
La rosée, une fois dynamisée, il ne lui manque plus que son levain, qui est notre sel "ALCALI" ou "CARBONATE DE POTASSIUM" en solution saturée et à la température de 70°C. A ce stade, on possède l'AMALGAME philosophique.
VASE N°2 : la préparation du mercure philosophique appelé "lion vert" la lune
on place l'amalgame dans un vase percé à la hauteur par les 2/3 d'un petit tuyau creu.
ensuite, on le met circuler (SUBLIMER) à une température de 37°C et pendant 7 mois, en rajoutant petit à petit la nouvelle rosée, au fur et à mesure que celle-ci diminue.
l'amalgame en circulant va absorber des levures naturelles cataliseuses en suspension dans l'air ... on appelait jadis ces levures naturelles "poussières d'étoiles" ou feu secret.
au bout de 7 mois, notre amalgame sera transformé en mercure philosophique appelé "MOSTOC" ou lion vert.
VASE N°3 : l'adjonction du soufre ou "lion rouge" - le soleil
le mercure préparé, ne demande que la semence métallique de notre pierre, "notre soufre".
on rajoutera donc au mercure 1/10 de soufre, c'est-à-dire du TRICLORURE D'OR pulvérisé ... donc séparé de l'acide chlorhydrique.
on peut également se servir de l'ANTIMOINE préparé philosophiquement par le "REGULE ETOILE".
le soufre et le mercure unis ensembles seront enfermés hermétiquement dans un vase et placé durant une période de 9 mois dans l'ATHANOR, un four COSMOTELURIQUE à 42°C.
trois couleurs principales se feront paraître durant cette COCTION : le NOIR, le BLANC et le ROUGE qui est notre pierre.
après 9 mois, on sépare le subtil de l'épais, c'est-à-dire la pierre de son eau.
La projection
On jettera dans du plomb liquide une pincée de la pierre, et après 4 jours de fusion, par palier le plomb se changera en or.
Pour trouver les paliers, la clef est dans la musique.
La médecine
En médecine, on mettra 3 GRAINS de la pierre dans 1 litre de vin rouge ... on laisse reposer 24h et ce vin sera devenu une véritable tériaque qui guérira toutes les maladies et prolongera votre vie.
La multiplication de la pierre
La multiplication de la pierre se fait en nouvelle coction où la pierre remplacera le soufre ... donc 1/10 de la pierre avec du nouveau mercure.
LA PIERRE PHILOSOPHALE
Habituellement, tous les alchimistes consacraient l'essentiel de leur activité à transformer en or les métaux les plus ordinaires, du moins, ils essayaient. Ils gardaient jalousement les secrets de leurs travaux jusqu'au moment où ils étaient tout près de rendre l'âme. Alors seulement ils transmettaient leur savoir et leur expérience à un jeune disciple, comme le voulait la tradition. Le plus souvent, leurs révélations ne menaient à rien, car il ne suffisait pas de suivre scrupuleusement une recette pour fabriquer le noble métal, paradoxalement, il fallait aussi chasser de son coeur tout désir de richesse.
Comme bien d'autres, Thomas Charnock en fit la cruelle expérience. Né à une époque où la science et la magie faisaient encore bon ménage, Thomas s'était voué à l'alchimie alors que, jeune étudiant, il ne possédait que quelques bribes de latin pour tout bagage intellectuel et pour toute fortune une poignée de piécettes provenant du modeste héritage d'un parent éloigné. D'abord il avait voyagé un peu partout en quête d'un maître qui voulût bien l'initier; et un jour il était arrivé dans la ville de Bath où, lui avait-on dit, un religieux pratiquait d'étranges expériences. C'était un vieillard dont la vie ne tenait qu'à un fil, il n'avait plus toute sa tête et avait presque perdu la vue. Néanmoins, il s'était rappelée l'essentiel de ses formules et, complaisamment, il avait divulgué à Thomas à peu près tout ce que celui-ci désirait connaître.
On ne sait pas en quoi consistaient ces fameuses formules car la longue lignée des alchimistes qui en assuraient la transmission est aujourd'hui éteinte. Le processus consistait, semble-t-il, à soumettre une solution très diluée de sels d'or à un cycle compliqué de douze distillations successives de natures différentes. Si le chercheur s'y prenait bien, il obtenait alors un caillou blanc très dur, qui par la suite, virait au rouge, c'était ce qu'on appelait la pierre philosophale, une substance mystérieuse qui non seulement permettait de transmuter en or les métaux ordinaires, mais aussi de tout embellir, de guérir les maladies les plus malignes et même de redonner la jeunesse.
Brûlant d'enthousiasme et désirant mettre sans délai en pratique ses nouvelles connaissances, Charnock dépensa ses derniers deniers à installer un laboratoire dans le vieux manoir délabré où il avait élu domicile. Il fit fabriquer le matériel nécessaire par des chaudronniers et des verriers des environs, ne voulant pas révéler la nature de ses travaux, il prétendit qu'il allait construire une tête d'airain, dotée de la parole, qui lui tiendrait compagnie pendant les longues nuits d'hiver. Puis, il obtura toutes les fenêtres de son laboratoire avec de lourds rideaux.
Finalement tout fut prêt. Il alluma le four. Sur les étagères, d'épais flacons emplis de mercure, d'ammoniaque, d'eau-forte, de poudre d'argent, de pépites d'or disputaient la place à des livres reliés en cuir et à des parchemins poussiéreux couverts de pattes de mouches. Des cornues, des alambics, des têts, des mortiers s'entassaient un peu partout. Le coeur battant, Charnock se remémora tout ce qu'il avait appris du religieux, tout ce qu'il avait lu dans les grimoires, avant de se décider à verser une mesure de paillettes d'or dans un ballon d'eau régale. Puis il transvasa la solution dans une cornue.
Le contenu de la cornue changeait d'aspect à l'issue de chaque cycle. Parfois la substance, saisie de colère, émettait des vapeurs étranges, fort nocives, et Charnock se désespérait. D'autres fois elle devenait blanche, laiteuse, et l'alchimiste reprenait espoir. Un jour elle devint noire, visqueuse, un peu répugnante et resta comme morte, dans l'alambic. Charnock sentit le découragement le gagner, mais il se reprit vite. Il recommença l'opération, il aboutit au même résultat. Il retourna à ses livres, reprit tout depuis le début, sans plus de succès. Mais il s'acharna, il était tellement obsédé que, pendant les rares moments où il succombait au sommeil, il invoquait à voix haute les noms des grands maîtres : Ramon Lulle, Hermès Trismegistus, Zozimus l'Egytien.
Il passait tout le jour à régler le feu et à contrôler la distillation. La nuit, il cherchait dans les grimoires les raisons de ses échecs. Il ne sortait que pour respirer lorsque les vapeurs d'acide devenaient trop épaisses.
Il y avait sûrement une erreur dans ses calculs, dans ses doses, ou dans ses manipulations; car qui aurait pu douter un seul instant des dires et des écrits des grands maîtres ? Il étudia la nature des éléments, les propriétés des matières, il consulta les cartes astrologiques et détermina les moments où les conjonctions des planètes étaient favorables. Trismegistus n'avait-il pas déclaré que le bas était le reflet du haut ?
Bien qu'il persistât avec acharnement dans ses travaux, le succès le fuyait toujours. Avec le temps, sa passion s'était assagie et une sorte de sérénité s'était installée dans son âme. La crainte de l'échec ne troublait plus ses nuits et l'entretien de son four était devenu une règle de vie, presque une fin en soi.
En même temps, ses capacités de concentration et de réflexion augmentaient. Il découvrit que ses sautes d'humeur affectaient la matière qui se formait dans la cornue. Quand il était calme, le processus semblait se dérouler favorablement, s'il était soucieux, le liquide devenait aussi sombre que sa mélancolie.
Finalement, un jour, après bien des années, la matière devint blanche et se solidifia au fond de l'alambic. Pourtant Charnock avait procédé comme d'habitude, il comprit que le changement observé dans la cornue était semblable à celui qui s'était opéré en lui. Il faillit succomber à la jubilation mais il parvint à se dominer et il continue calmement le cycle de distillation. Il vit alors apparaître une petite tache rosée au milieu de la pierre blanche puis toute la matière tourna au rouge sang. Alors, ne pouvant plus contenir son exaltation, il saisit la pierre rouge et la plongea dans un chaudron empli de plomb fondu. Le métal bouillant fusa, crachota et brusquement il prit la couleur de l'or. Après vingt années d'efforts incessants, Thomas Charnock avait atteint sont but.
Il ne tenta pas d'exploiter sa découverte pour s'enrichir et goûter enfin aux vains plaisirs terrestres. Il se contenta de ce qu'il venait d'obtenir. Il lui avait fallu longtemps pour comprendre que l'important n'était pas le but, mais la façon d'y parvenir. Cette longue quête de l'absolu avait fait de lui un sage et lui avait apporté bien plus que tout l'or du monde.